L’histoire, en tant que discipline universitaire scientifique fondée sur l’examen des archives (de préférence textuelle, les périodes antérieures à l’invention de l’écriture étant renvoyée à la “pré-histoire” et l’étude des traces matérielles ou artistiques classiquement à l’archéologie et l’histoire de l’art) et sur le rejet de toute forme de narration pour lui préférer l’explication et l’argumentation, ne pourrait apparaître plus distincte, plus adverse de la fiction historique audiovisuelle. Pas de notes de bas de page dans un film, des anachronismes à foison, et un soupçon souvent justifié de simplification, de dramatisation, d’héroïsation qui en font les véhicules privilégiés des clichés et des romans nationaux. Pourtant, grâce à une mise en scène et des procédés de narration sophistiqués, des fictions complexes – qu’il s’agisse de films ou de séries – interrogent le public sur “sa” vision de l’histoire, confrontent les mémoires et les interprétations. Avec les développements actuels de champs historiographiques comme l’histoire des émotions, l’attention portée à l’environnement ou aux “invisibles”, il semble que fiction audiovisuelle et histoire académique puissent engager un dialogue fécond.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Victor Faingnaert (28 octobre 2024). Marjolaine Boutet (Pléiade – Université Sorbonne-Paris-Nord) : Ce que la fiction audiovisuelle historique apporte à la réflexion historiographique. Les rencontres des fictions historiques. Consulté le 7 février 2025 à l’adresse https://fictionhisto.hypotheses.org/507