Robin Hopquin (Université Caen-Normandie, LASLAR) : Revisiter la comédie résistante : La Folle Histoire de Max et Léon
En 2016, Grégoire Ludig et David Marsais, les créateurs du Palmashow, entreprennent pour leur premier long-métrage de revisiter un genre éminemment français : la comédie résistante[1]. L’idée peut surprendre tant le genre est associé à un moment précis de la cinématographie nationale (les années 1960-1970), dont la reprise paraît, selon le critique Thomas Sotinel, « défie[r] la logique de la progression artistique »[2]. Quel sens peut-il y avoir pour de jeunes cinéastes à reprendre un genre démodé depuis les années 1970, susceptible d’être anachronique voire ringard ?
Mon objectif est d’étudier la manière dont les créateurs de La Folle Histoire de Max et Léon revisitent la comédie résistante en négociant sans cesse avec les impératifs du genre. En comparant le film à ses modèles, je montrerai comment l’usage de l’ironie historique, inspirée de l’humour d’OSS 117, et celui du pastiche, propre au rire de l’ère internet, permet de reconsidérer le genre en se distanciant de son discours conservateur. En même temps, j’étudierai les limites de cette stratégie en dévoilant les ambivalences idéologiques du film, afin de replacer cette vision dans le renouveau du mythe de la résistance dans le cinéma français depuis les années 2000. Plus généralement, je chercherai à montrer que La Folle Histoire de Max et Léon respecte les codes de « l’épopée comique »[3] à la française, s’inscrivant en cela dans la tradition identitaire de la comédie nationale.
[1]J’emprunte ce terme à Sylvie Lindeperg. Elle étudie le genre à travers quatre films de la même période : Babette s’en va-t-en-guerre (Christian-Jaque, 1959), Martin soldat (Michel Deville, 1966), La Vie de château (Jean-Paul Rappeneau, 1966) et La Grande Vadrouille (Gérard Oury, 1966). Voir Sylvie Lindeperg, Les écrans de l’ombre, Paris, Éditions Points, 2014 [1997], pp.465-481.
[2]Thomas Sotinel, « La Folle Histoire de Max et Léon : une Grande Vadrouille calibrée pour YouTube », Le Monde [en ligne], 31 octobre 2016. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2016/10/31/la-folle-histoire-de-max-et-leon-une-grande-vadrouille-calibree-pour-youtube_5022920_3476.html.
[3]Alain Vaillant, « Un rire démocratique », dans Matthieu Letourneux et Alain Vaillant (dir.), L’empire du rire XIXe – XXIe siècle, Paris, CNRS édition, 2021, p.24.
Docteur en Arts et sciences de l’art de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Robin Hopquin a rédigé la thèse « Le village français depuis 1946. Une forme cinématographique », dirigée par Vincent Amiel. Il est actuellement chercheur associé au LASLAR à l’Université de Caen Normandie.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Romain Vincent (16 octobre 2024). Robin Hopquin (Université Caen-Normandie, LASLAR) : Revisiter la comédie résistante : La Folle Histoire de Max et Léon. Les rencontres des fictions historiques. Consulté le 7 février 2025 à l’adresse https://fictionhisto.hypotheses.org/361